Délégation à l'éducation aux médias et à l'information

CLEMI-Académie de Créteil

#SPME2015 Rencontre entre Edith Bouvier et les collégiens de St Ouen

25 / 03 / 2015 | Clemi Créteil

 

La Semaine de la presse et des médias dans l’école, ce sont plein de moments forts, d’émotions, de rencontres. Mardi 24 mars, au collège Joséphine Baker (St-Ouen), les élèves de 3e et de la classe de NSA (non scolarisés antérieurement) ont fait la connaissance d’Edith Bouvier, grand reporter. Edouard Zambeaux, reporter à France Inter, était présent pour capter les échanges.

Edith Bouvier, grand reporter, au clg J. Baker, le 24/03/2015

Photo : Elodie Gautier-CLEMI-Créteil

"Vous vous appelez Edith Bouvier, vous êtes journaliste indépendante. Vous êtes née à Chanteloup-les-Vignes, en banlieue parisienne. Vous avez été blessée le 22 février 2012, à Homs en Syrie lors d’une attaque dans laquelle la journaliste Marie Colvin et le photographe Rémi Ochlik ont trouvé la mort. Vous avez écrit un livre "Chambre avec vue sur la guerre". Quand vous étiez enfant, vous vous amusiez à écrire de petits journaux".

Edith Bouvier, en présence d’E. Zambeaux (France Inter) Clg J. Baker, St-Ouen

Photo : Elodie Gautier-CLEMI-Créteil

Les élèves, dans chacune des deux classes ont effectué des recherches pour préparer la rencontre avec Edith Bouvier. Alors que les échanges s’engagent, la journaliste, grand reporter, explique son métier aux jeunes. Oui, quand elle était petite, elle voulait être journaliste. Elle écrivait des articles qu’elle faisait lire à ses parents. Aujourd’hui, elle est reporter de guerre. Elle évoque les derniers sujets traités, raconte ce reportage réalisé il y a peu, en Syrie, sur la guerre durant lequel elle a assisté à un bombardement qui a tué des enfants sur le chemin de l’école. Emotion palpable dans la classe.

A la question, "Et vous, comment vous informez-vous ?", les échanges portent sur le traitement de l’actualité par les chaînes d’information continue mais aussi par les réseaux sociaux. Un élève dit ne pas croire les médias. La théorie du complot ? Edith Bouvier répond, argumente. "On peut écrire et lire tout et n’importe quoi sur internet. Vous avez raison de vous poser des questions. Il faut toujours douter. Mais il faut aussi vérifier ses sources d’information. En janvier dernier, il y a eu des morts. Par respect pour les familles des victimes, on ne peut pas le nier." Elle ironise sur les informations que certains sites font circuler sur elle-même. "Vous savez, pour les auteurs des sites qui diffusent les théories complotistes, je ne suis pas une journaliste mais une espionne..."

Dans la classe de NSA, les échanges se font plus timides. Les élèves sont attentifs à l’actualité. Ils s’informent et citent RFI, une radio comorienne, Tf1, BFM, ... A l’évocation des attentats de janvier, une jeune fille dit qu’elle "n’est pas Charlie, mais que l’on a pas le droit de tuer". Un jeune homme se dit inquiet des conséquences des attentats en France. Il craint des réactions racistes.

Les enseignantes proposent aux élèves de rédiger 4 mots qui définissent le métier de journaliste. Les mots fusent : "informer", "déplacements", "danger","curieuse", "courage" mais aussi, "voyeurisme". Les médias parfois "en font trop". Mais, en fait madame, vous êtes toujours en train de bouger ?" "Vous n’avez pas peur quand vous allez là où il y a la guerre ?" demandent les élèves.

Edith Bouvier, grand reporter, au clg J. Baker, le 24/03/2015

Photo : Elodie Gautier-CLEMI-Créteil

Lorsque les élèves questionnent Edith Bouvier sur sa blessure. Elle raconte les circonstances dans lesquelles elle a été blessée et répond avec humour qu’en effet, désormais, "en maillot de bain, une blessure de guerre, ce n’est pas très glamour, mais c’est comme ça. Il y a des milliers de gens qui sont morts lors de cette attaque. Alors..."

"Il faut que des journalistes aillent sur les terrains de guerre pour raconter ce qu’il sy passe et ce que vivent les gens, là-bas. On ne pourra pas dire qu’on ne savait pas."

Une rencontre chaleureuse, émouvante tant pour les élèves que pour les adultes présents. Des échanges qui feront sans doute un peu évoluer les relations entre jeunes et journalistes. 

 

Elodie Gautier